Nantes Saint-Nazaire Port : "Nous avons un rôle à jouer dans la dynamique collective"

Quel rôle souhaite jouer Nantes Saint-Nazaire Port dans la gouvernance de ce collectif territorial ?
En tant que Port, nous sommes habitués à faire en sorte que les gens qui sont sur le territoire travaillent les uns avec les autres ou les uns pour les autres, avec des relations entre clients, fournisseurs, usagers, parties prenantes. Travailler avec cet écosystème, c’est l’une des principales missions du port, et c’est une valeur ajoutée que nous pouvons amener en participant à la gouvernance de l’agence Nantes Saint-Nazaire Développement (NSD).
Nantes Saint-Nazaire Développement travaille à l’attractivité du territoire, valorise les points forts et installe une dynamique collective. Nous avons un rôle à y jouer. Nous accueillons plus de 500 entreprises sur le domaine portuaire de Nantes Saint-Nazaire, pour un total de 28 500 emplois. Intelligence collective et synergies d’acteurs nourrissent notre quotidien.
Par son activité, Nantes Saint-Nazaire Port est très engagé dans les transitions environnementales. En quoi occupe-t-il un rôle essentiel dans la bifurcation du territoire ?
Sur la zone industrialo-portuaire, se cristallisent tous les enjeux environnementaux et sociétaux du territoire. C’est vrai aussi sur d’autres territoires et d’autres ports. Mais celui de Nantes Saint-Nazaire vit ces transitions encore plus fortement qu’ailleurs. En effet, c’est 70% de notre activité qui est liée aux combustibles fossiles (pétrole, charbon et gaz). Le terminal méthanier de Montoir de Bretagne est l’un des plus importants d’Europe. Et 10% de l’énergie primaire française passe par le port de Nantes Saint-Nazaire. Or, ces énergies vont évoluer ou même disparaître au fur et à mesure.
Le port de Nantes Saint-Nazaire est également le 1er port de France en termes d’importation pour l’alimentation animale. Nous jouons un rôle très important dans la souveraineté française avec 1 poulet sur 2 en France nourri par l’alimentation qui transite par notre port, et un litre d’huile sur deux.
Quel est le plan d’actions du port en matière de transition environnementale ?
D’une part, il va nous falloir amortir la diminution de ces énergies fossiles, et préparer l’arrivée de nouvelles industries, de nouvelles économies. Cela nécessite des changements profonds au niveau de notre modèle économique, de notre façon de voir les choses. Il faut se réinventer, très clairement. L’objectif du projet stratégique 2021-2026 de Nantes Saint-Nazaire Port est qu’il devienne le port de référence de la transition énergétique et écologique. Aujourd’hui, c’est une nécessité, parce que la transition énergétique est déjà en route. Et pour nous, c’est une question de survie. C’est-à-dire que notre avenir dépend de notre capacité à réussir cette transition. Simplement en étant aux avant-postes, en expérimentant des choses sur le port et en favorisant l’émergence de nouveaux modèles énergétiques décarbonés.
Quels sont les principaux atouts du port pour mettre en œuvre ces transitions ?
Le principal atout du port, c’est son foncier. Nantes Saint-Nazaire Port possède 2700 hectares de foncier, répartis à travers 1545 hectares de zone industrielle et logistique et 1 177 ha d’espaces naturels. Notre stratégie repose sur la manière dont nous allons valoriser et utiliser notre réserve foncière, notamment en libérant de l’espace pour accueillir de nouvelles implantations participant à la décarbonation.
Quels projets illustrent cette décarbonation de l’industrie ?
Il s’agit notamment de tous les projets qui tournent autour de la production d’e-carburants à base d’hydrogène bas carbone. On peut citer Take kair pour produire du kérosène de synthèse dans le cadre des directives de décarbonation du transport aérien. Ou encore Lhyfe et Elyse pour fabriquer du e-méthanol, dans le cadre du transport maritime. Les deux fabriquent du kérosène et les deux récupèrent du carbone. Autre exemple, le projet GoCO2, qui est l’épine dorsale du captage de carbone biogénique venant des plus gros producteurs de carbone, tels que les cimenteries. Nous nous inscrivons dans la stratégie française qui consiste à amener ces cimentiers à réduire leurs émissions d’une part et à récupérer le carbone résiduel d’autre part, pour participer à la fabrication, par l’ajout d’hydrogène, de nouveaux carburants. Ce faisant, le port contribue à apporter de nouvelles briques technologiques.
Le dispositif ZIBAC – zone industrielle bas carbone – permet de se concerter pour que tous les acteurs de l’écosystème travaillent ensemble à la décarbonation de l’industrie. Si l’un produit de la chaleur, un autre pourra la récupérer… L’un produit des déchets et un autre les transforme, etc. Loire Estuaire Décarbonation regroupe une vingtaine de fiches-projets et facilite les projets d’écologie industrielle au sein de l’écosystème industrialo-portuaire
S’il manque sur le territoire des entreprises pour compléter ou améliorer cette chaine de valeurs, nous allons les chercher avec l’agence Nantes Saint-Nazaire Développement.
Et vous recherchez des entreprises qui pourraient prendre part à cette décarbonation ?
S’il manque sur le territoire des entreprises pour compléter ou améliorer cette chaine de valeurs, nous allons les chercher avec l’agence Nantes Saint-Nazaire Développement. Nous allons chercher ensemble des nouveaux entrants qui vont être amenés à échanger avec les acteurs existants.
Pour mener à bien cette décarbonation, il faut aussi expérimenter ?
En effet, il faut laisser une place à l’expérimentation. La présence de DENV-R et son datacenter flottant dans le port en est une illustration. C’est légitime que les ports accueillent des datacenters parce qu’il y a de l’eau, es surfaces et de l’énergie. Ou encore Enerdigit avec l’optimisation des flux d’énergie et la stabilisation du réseau. Et puis, les ports sont de gros consommateurs d’énergie. Et donc, avoir des zones de stockage d’énergie et de redistribution intelligente, c’est intéressant. Bientôt, nous accueillerons l’une des plus grosses centrales de stockage d’énergie avec Harmony Energy.
Nous sommes très fiers d’accueillir ce genre d’activités qui sont, on l’espère, destinées à se développer. Les ports sont amenés à être de plus en plus des zones pour la gestion et l’optimisation des flux d’énergie et de données, plus seulement des marchandises.
La transition est aussi sociétale…
En effet, les ports sont habitués à travailler avec ce qu’on appelle des parties prenantes. C’est-à-dire des gens ou des entités qui ont leur mot à dire dans les évolutions, dans les choix qui sont faits. C’est absolument nécessaire en raison de l’ampleur de la transition. Les transformations sont tellement profondes qu’on ne peut pas faire l’économie de discuter, de travailler avec nos parties prenantes, dont la société. Nous échangeons de plus en plus avec les citoyens qui ont un avis qu’ils expriment, soit à titre individuel, soit au titre de collectifs et d’associations, à travers un dialogue citoyen très enrichissant. Un exemple en est le projet Eole à Saint-Nazaire.
Vous vous rendez au MIPIM, avec Nantes Métropole et NSD. Qu’attendez-vous de ce déplacement au salon international de l’immobilier à Cannes ?
Nous y allons à l’invitation de Nantes Métropole et de NSD, pour accompagner cette dynamique collective. La valorisation des espaces du domaine portuaire en centre-ville est un sujet stratégique pour le port. Nous allons notamment prendre notre part à la transformation de la promenade qui mène du centre-ville jusqu’à la Cité des imaginaires, en proposant un projet sur le quai d’Aiguillon.
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